Interview • Portraits
Entretien avec un entrepreneur | À la rencontre de Marc Israel
Q1. Quel entrepreneur êtes-vous ? Qu’est-ce qui vous caractérise le plus ?
Je suis un créateur, presque compulsif. J’aime créer, être en avance sur mon temps, parfois trop. C’est l’innovation qui m’anime et me fait me remettre en question en permanence.
Q2. Qu’est-ce qui vous a amené à créer ou à implanter votre entreprise à l’île Maurice ?
Arrivé en février 2000, je commerçais depuis plusieurs années à Maurice et faisais l’aller-retour plusieurs fois par an. Une volonté de me mettre un peu « au vert » après quelques années trépidantes de chef d’entreprise à Paris nous a fait poser nos valises à Maurice, mon épouse et mes deux jeunes enfants. Puis, la qualité et le cadre de vie ont eu raison de nos velléités de repartir. Maintenant, en tant que chef d’entreprise, la relative facilitée des démarches administratives, comparativement à la France, est un atout indéniable. L’entreprise est une chose normale à Maurice, alors qu’elle semble parfois incongrue en France.
Q3. Pouvez-vous nous présenter votre activité professionnelle en quelques mots et ce que vous retirez de cette expérience d’entrepreneur à l’île Maurice ?
J’ai plusieurs expériences d’entrepreneur, ayant créé mon activité de conseil en innovation et transformation digitale, mais aussi participé, en tant qu’actionnaire fondateur, à la création du premier club d’investisseurs (business angels) mauricien, Mo Angels, ainsi qu’à celle de The Talk Collective, société productrice du podcast Entrepreneurs Talk Africa, sur l’entrepreneuriat africain. Ma société Aetheis représente et développe également les activités de HEC Paris et Rocket School (Grande école du numérique : marketing, commerce et relation client) sur Maurice. Enfin, je viens aussi d’intégrer la communauté des animateurs mauriciens de la Fresque du Climat et lance la Fresque du Numérique pour sensibiliser les entreprises aux enjeux environnementaux du numérique.
Je siège aussi au conseil d’administration de sociétés mauriciennes, dont la Turbine, l’incubateur et accélérateur du Groupe ENL, Mauritius Network Services, qui fournit des services informatiques au gouvernement mauricien et Bank One, qui appartient aux groupes Ciel et I&M, avec des ambitions africaines.
Ces expériences me donnent une vision à 360 degrés de l’économie de la région.
Q4. Des conseils d’experts pour démarrer ! Des conseils à partager pour la création/implantation d'entreprise à l’île Maurice ?
Le premier est de se faire épauler par, soit un cabinet d’experts-comptables, soit de secrétariat de compagnies. La création d’une entreprise est une chose simple et très rapide à Maurice, mais les écueils peuvent vite survenir pour ouvrir un compte en banque ou avoir une « occupation permit », c’est-à-dire, un permis de travail. La structure juridique choisie peut aussi avoir des répercussions importantes sur le régime fiscal.
L’autre aspect à prendre en compte est la couverture sociale. Elle est privée à Maurice et peut vite représenter des sommes importantes par mois. La Caisse de Français de l’Étranger est un choix qui paraît évident pour les entrepreneurs français, avec une mutuelle complémentaire. Mais là encore, la multiplicité des choix peut vite devenir un casse-tête.
Au-delà de tout ceci, ne jamais oublier que la culture mauricienne n’est pas celle de Paris, Bordeaux ou Marseille. La gentillesse est une vertu partagée par la plupart des Mauriciens, le temps s’écoule plus lentement, une bonne manière de ralentir pour mieux accélérer.
Q5. Votre meilleur souvenir d’entrepreneur à l’île Maurice ?
Vous avez quelques milliers de pages devant vous ? Un souvenir récent est d’avoir reçu le titre de meilleur mentor de start-up lors de l’Africa Startup Ecosystem Builders Summit. La reconnaissance d’années passées au côté de jeunes pousses mauriciennes et africaine. Cela m’a fait chaud au cœur.
